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Transmission des lésions d’Alzheimer et troubles cognitifs


​La maladie d'Alzheimer est caractérisée par l'accumulation cérébrale de protéines tau anormales, et par une perte synaptique à l'origine des troubles cognitifs. Dans un article publié dans la revue Acta Neuropathologica Communications, les chercheurs de MIRCen démontrent que la pathologie tau peut être transmise expérimentalement, qu'elle se diffuse dans le cerveau et qu'elle est directement associée à une atteinte synaptique. Ces travaux décrivent la cascade d'événements associés à la transmission de la pathologie Alzheimer.

Publié le 14 septembre 2022

La maladie d'Alzheimer est une maladie neurodégénérative affectant environ un million de personnes en France. Elle est caractérisée par deux lésions principales, des accumulations anormales intracellulaires de protéines tau (pathologie tau) et des dépôts extracellulaires de protéines amyloïde-β (Aβ) ainsi qu'une perte synaptique à l'origine des troubles cognitifs. La cascade d'événements liant ces altérations fait encore débat.

En étudiant des modèles murins génétiquement modifiés pour produire des lésions Aβ mais pas de lésions tau, les chercheurs de l'équipe MIINDt (LMN-UMR9199/MIRCen) ont montré que des dépôts Aβ peuvent induire des lésions tau dans leur environnement proche. Ils ont également montré que l'inoculation par perfusion intracérébrale d'extraits de cerveaux issus de patients Alzheimer induit les effets suivants : i) une perte de mémoire, ii) une augmentation de la présence de dépôts Aβ au site d'inoculation, iii) l'apparition de nouvelles lésions tau à côté du site d'inoculation et une propagation de ces lésions dans les zones connectées. La possibilité d'induire une pathologie tau chez des souris à partir de cerveaux humains semble suggérer que la pathologie tau est transmissible d'une espèce à l'autre.

Enfin, l'inoculation intracérébrale d'extraits de cerveaux Alzheimer réduit la densité synaptique. Les déficits synaptiques sont corrélés à une sévérité accrue de lésions tau se trouvant à proximité des lésions amyloïdes (formant ainsi des plaques neuritiques) mais pas à d'autres lésions tau (localisées à distance des lésions amyloïdes) ou Aβ, suggérant que les plaques neuritiques sont responsables de la perte synaptique.

Cette étude, publiée dans Acta Neuropathologica Communications, souligne la transmissibilité de des lésions tau, y compris d'une espèce à l'autre. Une fois transmise, ces lésions peuvent se propager pour coloniser l'ensemble du cerveau et induire des atteintes synaptiques. Ces mécanismes ont probablement un rôle important dans la cascade d'événements associés à la maladie d'Alzheimer.


© Marc Dhenain
Figure : L'inoculation intracérébrale d'extraits de cerveaux de patients atteints de la maladie d'Alzheimer à des souris induit des lésions microscopiques typiques de la maladie d'Alzheimer (amylose et tauopathie) et la diffusion de ces lésions depuis le point focal d'inoculation vers l'ensemble du cerveau. La pathologie tau est transmissible d'une espèce à l'autre. Ces altérations sont associées à l'apparition d'atteintes synaptiques et de troubles cognitifs.


Contact chercheur : Marc Dhenain marc.dhenain@cea.fr

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