Vous êtes ici : Accueil > Actualités > Un filtre sanguin pour barrer la route aux prions

Résultat scientifique | Maladies infectieuses | Cerveau

Un filtre sanguin pour barrer la route aux prions


​Les maladies à prions sont transmissibles par le sang. En collaboration avec la société MacoPharma, le CEA-IMETI a testé un filtre anti-prion pour sécuriser la transfusion.

Publié le 16 février 2015

Les transfusions sanguines sont potentiellement des vecteurs de contamination par des prions pathogènes, responsables de la variante de la maladie de Creutzfeldt-Jakob[1]. La société MacoPharma commercialise un filtre à prions (P-Capt). Testé avec succès sur un modèle rongeur, il l'a été récemment sur un modèle de primate non humain (PNH) par le CEA-IMETI. Les biologistes ont suivi le développement de signes neurologiques chez des animaux transfusés avec du sang contaminé, filtré ou non. Pour quels résultats ? « Les 3 PNHs ayant reçu du sang filtré par P-Capt n'ont pas développé de maladie jusqu'à aujourd'hui, soit 74 mois après transfusion, rapporte Emmanuel Comoy, responsable de laboratoire. En revanche, les animaux du groupe témoin (n'ayant pas bénéficié de filtration) ont tous développé des signes neurologiques dans les 50 mois suivant la transfusion. » Les PNHs en bonne santé seront encore suivis pendant plusieurs années, car la période d'incubation peut être longue.

Ces expériences ont par ailleurs révélé un effet inattendu. En effet, la variante de la maladie de  Creutzfeldt-Jakob se caractérise principalement par une atteinte cérébrale provoquant des troubles locomoteurs et de l'agressivité. Or, certains animaux contaminés ont développé une pathologie différente avec une paralysie des membres supérieurs. « La pathologie neurodégénérative observée correspond à une atteinte de la moelle épinière et non pas du cerveau, ce qui conduit à des tableaux cliniques similaires à certaines formes de sclérose latérale amyotrophique, prévient le chercheur. Cette expression originale d'une maladie à prion serait associée à une spécificité de la transfusion, à savoir le transfert d'une fraction sanguine[2] en lieu et place du sang total. »  Le Centre National de Référence sur les Maladies à Prions, dont le service d'Emmanuel Comoy fait partie[3], a informé les autorités de santé publique qui ont initié des études rétrospectives et prospectives chez les populations humaines les plus à risques.


[1] liée à la transmission du prion de la vache folle à l'Homme
[2] obtenue par séparation des globules blancs et du plasma
[3] Service d'Etude des Prions et des Infections Atypiques (SEPIA)

Haut de page